Gnassingbé Eyadema : artisan de paix en Afrique de l’Ouest

L’ancien président togolais, Gnassingbé Eyadema (1967-2005), a laissé une empreinte durable sur la scène diplomatique africaine, notamment en jouant un rôle décisif dans la résolution de plusieurs conflits en Afrique de l’Ouest. Pendant près de quatre décennies, il s’est illustré comme un médiateur incontournable, utilisant sa position à la tête de la CEDEAO et d’autres instances régionales pour promouvoir la paix sur le continent. Ses interventions dans des conflits majeurs ont consolidé sa réputation de diplomate pragmatique.
Dans le cas du Liberia, ravagé par une guerre civile de 1989 à 1997, Eyadema a œuvré à la mise en œuvre de l’accord de paix de Cotonou en 1993. En coordonnant l’envoi des forces de maintien de la paix de la CEDEAO et en facilitant un cessez-le-feu en 1996, il a permis de jeter les bases d’un processus de transition, bien que la crise ait perduré jusqu’à l’élection de Charles Taylor en 1997. De même, en Sierra Leone, Eyadema a contribué à l’accord de paix de Lomé en 1999, un moment crucial pour le pays, malgré des turbulences ultérieures.
L’ancien président a également joué un rôle clé dans la résolution des tensions frontalières entre le Nigeria et le Cameroun sur la péninsule de Bakassi. Sa médiation au sein de la CEDEAO et de l’OUA a évité une escalade militaire, aboutissant en 2002 à une décision pacifique de la Cour internationale de justice favorable au Cameroun. Ce succès témoigne de l’importance de son approche diplomatique pour maintenir la stabilité régionale.
Le conflit tchadien (1990-1998) a également vu l’implication de Gnassingbé Eyadema. En soutenant les négociations entre le gouvernement de Hissène Habré et les rebelles, il a contribué à l’accord de paix de 1997, amorçant un processus de stabilisation. Enfin, lors de la guerre civile en Côte d’Ivoire, il a joué un rôle dans les accords de Marcoussis en 2003, jetant les bases d’un gouvernement d’union nationale.
Malgré les critiques sur son régime autoritaire, Eyadema demeure une figure clé de la diplomatie africaine. Son héritage repose sur sa capacité à promouvoir des solutions pacifiques, renforçant les mécanismes de coopération régionale et posant les jalons d’une gestion des crises plus efficace sur le continent.