À peine trois jours après l’élection présidentielle en Guinée-Bissau, le pays a replongé dans une crise politique majeure. Le président sortant, Umaro Sissoco Embaló, a annoncé avoir été arrêté au palais présidentiel par des éléments de l’armée, en même temps que plusieurs hauts responsables militaires et le ministre de l’Intérieur. Cette intervention musclée survient dans un climat déjà tendu, marqué par des contestations autour des résultats du scrutin.
Selon les informations rapportées, l’interpellation s’est déroulée sans violence directe contre le chef de l’État, même si des tirs ont été entendus autour du palais et près des locaux de la commission électorale. La situation électorale était déjà explosive : Embaló revendiquait une large victoire tandis que son adversaire Fernando Dias da Costa contestait les chiffres. L’absence du principal opposant Domingos Simões Pereira avait également alimenté la défiance d’une partie de la population.
Ce nouveau coup de force confirme une fois de plus le rôle déterminant de l’armée dans la politique bissau-guinéenne. Depuis 1974, le pays a connu de nombreuses tentatives de putsch, et l’appareil militaire y demeure un acteur central, souvent perçu comme l’arbitre des crises. L’arrestation du président illustre encore cette fragilité institutionnelle et l’influence persistante des forces armées dans la gestion du pouvoir.
L’événement plonge la Guinée-Bissau dans une période d’incertitude profonde. Les institutions électorales sont sous pression et l’avenir du processus démocratique apparaît menacé. La CEDEAO et l’Union africaine ont appelé au respect de l’ordre constitutionnel, tandis que les habitants de Bissau redoutent un nouvel épisode d’instabilité. Cette crise rappelle, une fois de plus, l’urgence d’une réforme structurelle du rôle de l’armée pour espérer une transition politique durable.








