Faure Gnassingbé plaide pour une doctrine africaine unifiée sur la gestion de la dette

La Conférence de l’Union Africaine sur la dette publique s’est ouverte lundi à Lomé, rassemblant plusieurs chefs d’État, dont le Ghanéen John Dramani Mahama, et des représentants d’institutions écomiques internationales. Les participants se penchent sur la crise grandissante de la dette en Afrique, où, selon le FMI et la Banque Mondiale, 25 pays sont désormais en situation de détresse ou à haut risque de surendettement, contre seulement 9 en 2012.
Dans son discours d’ouverture, Faure Gnassingbé, Président du Conseil du Togo, a insisté sur la nécessité d’adopter une approche africaine souveraine et responsable de la gestion de la dette. Il a déclaré que « la viabilité de la dette ne peut être une camisole budgétaire imposée de l’extérieur », estimant que les modèles actuels d’analyse sont « obsolètes, conservateurs et contre-productifs ». Il a plaidé pour des critères plus souples prenant en compte les cycles d’investissement, les effets de levier à long terme et les impératifs sécuritaires.
Faure Gnassingbé a également dénoncé l’hypocrisie des partenaires internationaux, rappelant que « financer l’Afrique, c’est investir dans la stabilité globale ». Selon lui, « il ne s’agit pas de charité, mais de responsabilité partagée », soulignant que les déséquilibres climatiques, migratoires et sécuritaires mondiaux trouveront en Afrique des solutions si le continent est doté de moyens financiers adaptés.
Le dirigeant togolais a lancé un appel fort en faveur d’une stratégie panafricaine unifiée, soulignant que « c’est à nous, Africains, de définir ensemble une doctrine partagée sur la dette ». Pour lui, seule une voix africaine commune et affirmée pourra peser dans les réformes à venir de l’architecture financière mondiale et offrir aux pays africains les marges de manœuvre nécessaires à leur développement.
La conférence, qui se poursuit jusqu’au 14 mai, devrait déboucher sur l’adoption d’une déclaration commune fixant les grandes lignes d’une gouvernance renouvelée de la dette en Afrique, en misant sur la solidarité, la stabilité régionale et la souveraineté économique. Les participants espèrent ainsi engager le continent sur une voie plus autonome et durable face aux défis financiers.